« Masterchef » offre le spectacle affligeant d'un concours de vitesse et d'esbrouffe, où le faible doit être éliminé pour que le meilleur l'emporte. Et c'est toujours le pire qui triomphe...
Ces temps-ci, nos écrans s'emplissent d'émissions où des cuistots amateurs s’entre-déchirent et s'humilient devant des professionnels souverains, dans une ambiance de dictature bananière digne de certaines cuisines étoilées. Le tout sous le regard sadique de téléspectateurs repus de séries policières, mais toujours avides de sang.
Dramatisation du moindre battement de cil, ralentis grossiers, musique lourdingue : la mise en scène suit les recettes éculées de la télé-réalité. Mais que la cuisine soit l'objet de cette nouvelle mascarade, là est le scandale. Et que les candidats soient affublés du beau nom d'amateurs, c'en est un autre.
Faute originelle, ces émissions font la part belle à la technique au détriment du produit, simple ingrédient au service d'un spectacle, quand c'est lui que l'on devrait servir.
Deuxième ineptie, le chrono tourne et ces pauvres crétins s'agitent pour rendre leur copie à l'heure. Est-il permis de prendre du temps et du plaisir à faire la popote ? Et comment les plats à cuisson lente peuvent-ils exister dans ce type de contraintes?
Mais le pire, c'est d'associer la cuisine à la guerre. Entendez le nom de l'émission : Masterchef. Pourquoi pas Leaderführermasterchef ? De cet art éminemment féminin, on fait un combat de coqs où même les femmes s'efforcent de montrer qu'elles en ont. L'objectif : une éphémère gloriole, voire une carrière de tortionnaire dans une « vraie » cuisine. Vanité des vanités.
Argument des Tartuffe : ce genre d'émission ferait revenir les gens devant les fourneaux. Il ne s'agit que de les coller devant leur poste, d'occuper leur cerveau disponible entre une pub Danone et une pub Nestlé.
Il y a une chose que l'on ne fait jamais dans cette émission, c'est manger.
L'amateur, le vrai, a le privilège de donner de la joie sans contre-partie. Il suffit de quelques instants de silence au premier coup de fourchette, d'un sourire approbateur, de quelques mots sincères.
Le repas n'est pas un théâtre guerrier, la Cène n'est pas une scène mais un cercle d'amitié.
Au reality-show, préférons la chaude réalité. Revenons à table.
Un autre exemple: "cooking as a battle field":
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=tvAILi1l5ls&feature=related
Hallucinant.
Tout à fait d'accord !
RépondreSupprimerJe me demande si ces émissions donnent envie de cuisiner à ceux qui les regardent !....
En revanche votre blog, lui donne envie !
Petitgrognon
http://raslatoque.over-blog.com/